Article de presse - Libération du 15/05/06

Publié le par Comité soutien Sara Camara

Sans-papiers: le réveil des manifestants
Les participants du défilé parisien de samedi espèrent voir la mobilisation gonfler comme pour le CPE.
par Catherine COROLLER
QUOTIDIEN : lundi 15 mai 2006
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·          La mobilisation contre la loi Sarkozy sur l'immigration et l'intégration a connu samedi une brusque accélération. La manifestation parisienne a rassemblé 35 000 personnes selon les organisateurs (11 000 selon la police), deux fois plus que celle du 29 avril. Tandis qu'un groupe a investi la tour Eiffel pour y distribuer des tracts. A Marseille et Toulouse, deux manifestations ont aussi eu lieu. Dans le cortège parisien, des gens d'origine africaine, maghrébine, asiatique, et aussi ­ nouveauté ­ beaucoup d'origine française. Dont bon nombre manifestaient pour la première fois contre ce texte.
Rappel. Alors que la loi doit être votée par l'Assemblée nationale mercredi, cette soudaine mobilisation pourrait paraître tardive. Aux yeux de beaucoup de manifestants toutefois, la bataille n'est pas perdue. «Comme nous avons su le faire pour le CPE, nous devons amplifier la mobilisation», notait, vendredi, Patrick Braouezec, député communiste de Seine-Saint-Denis. Dans le cortège, l'espoir était à l'unisson : «Pour le CPE, on a commencé à 5000, et on a gagné alors que le texte avait été voté !», rappellent des étudiants de l'Ecole des hautes études en sciences sociales. «Les gens ont le sentiment que la mobilisation sert à quelque chose puisqu'elle a permis de faire sauter le CPE. Après avoir eu un débat politique sur : quelle société ? Quelle place pour les jeunes ? ça devient plus évident de créer un mouvement de solidarité en faveur de ceux que l'on fait venir pour les exploiter», soulignait Alain Cyrulnik, militant FSU (principal syndicat d'enseignants). Alain Gilles, secrétaire général de la CFDT Ile-de-France, reconnaissait que la mobilisation contre le CPE a nui dans un premier temps au combat contre la loi Sarkozy, mais jugeait qu'il n'est pas trop tard : «Des mobilisations de ce type montent de manière plutôt lente.»
Dans la foule, le Malien Sara Camara, agent d'entretien à la Conciergerie de Paris (Libération du 4 mai), toujours flanqué de ses deux collègues. Egalement présents, Jaleel et sa femme. Tous deux sont Ivoiriens, lui est arrivé en France en 1994, elle en 1998, et sont parents d'un enfant né ici. En 2004, Jaleel a tenté de se faire régulariser comme le permettait la loi pour les clandestins ayant passé dix ans en France, mais la préfecture a rejeté son dossier.Les associations affirment que l'administration applique par anticipation une mesure de la loi Sarkozy qui supprime cette régularisation pour les clandestins ayant vécu 10 ans en France.
Circulaire. Beaucoup de Français défilent par solidarité. Cédric est venu de Nantes avec des sans-papiers. Depuis qu'en février, Nicolas Sarkozy a publié une circulaire sur les «conditions de l'interpellation d'un étranger en situation irrégulière», lui et ses camarades accompagnent systématiquement les clandestins dans leurs démarches administratives. Certains rendez-vous à la préfecture n'auraient d'autre objet que de faire sortir les sans-papiers du bois pour les arrêter. Comme tous les militants du Réseau éducation sans frontières, Cédric et ses camarades anticipent également les expulsions qui risquent d'avoir lieu à la fin de l'année scolaire. Une circulaire du ministère de l'Intérieur d'octobre 2005 avait interdit l'expulsion d'élèves en cours d'année. Ce sursis prendra fin le 30 juin. «On organise la prise en charge, on cherche des planques mais également des lieux publics car on se dit que la meilleure façon de protéger ces enfants pourrait être de les "cacher" au grand jour», explique Cédric.
Sénat. D'ici là, les responsables associatifs placent quelques espoirs dans l'examen de la loi par les sénateurs, à partir du 6 juin. Pour Catherine Teule, vice-président de la Ligue des droits de l'homme, «l'UMP n'est pas majoritaire au Sénat», et des élus UDF auraient fait connaître leur opposition à des dispositions du texte dont celles limitant drastiquement le droit de vivre en famille.
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B
oui je suis d'accord avec la nécessité de régulariser Sara Camara et ses amis. La situation actuelle ne correspond pas à l'idée de la France, et encore moins d'une République qui, si elle n'a plus de frontières dans l'Europe, doit disséminer ses valeurs dans les citoyens du monde.<br /> Mais bon ;-) on va y arriver ;-) les temps changent...<br /> et on pourrait être surpris de la tournure des choses en 2007....<br /> Vive la 6e République !<br /> Pierre le Belge de Lille
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